Barnier dope son plan

Publié le par Comité de Crise


Un chèque de 110 millions d’euros en 2008, 40 millions d’euros pour compenser le prix du gazole à 40 centimes pour les équipages : la colère des quais a été entendue à Paris. Reste à savoir si cela calmera la base...

Rude journée hier rue de Varenne.
Sur fond de charges de CRS et de fusées de détresse, les professionnels de la pêche (tous unis pour une fois) et Michel Barnier ont négocié, dans un climat tendu, toute la journée. « Il n’y a rien », déclarait à midi un professionnel dépité. Les pêcheurs ne voulaient pas lâcher sur un gazole à 30-40 centimes. Ce qui a contraint le ministre à intervenir auprès de Sarkozy et à se rendre dare-dare à Matignon. Il en est revenu avec de nouvelles propositions et une « boîte à outils ». Tout d’abord une accélération du plan : doté de 310 millions d’euros il sera mis en œuvre sur deux ans au lieu de trois. 110 millions d’euros sont engagés par anticipation en 2008.

Un chèque aux pêcheurs
Ce que voulaient les marins-pêcheurs ? Un gazole à 40 centimes à la pompe. Impossible car euro-incompatible. Dans la boîte à outils, il y a donc une mesure nouvelle, présentée comme une aide sociale et dotée d’une enveloppe de 40 M€. Le principe : si le gazole est à 70 centimes le litre, les équipages recevront, directement chez eux un chèque de compensation qui permettra de ramener le prix du litre à 40 centimes d’euros. Si le prix grimpait à un euro ? Ce sera le même système qui sera appliqué. Le dispositif se met en place dès demain pour un premier versement prévu le 15 juin, pour une période de six mois.

Aides d’urgence
Les entreprises de pêche ne sont pas oubliées : ce sera une aide, pour une durée de six mois, nécessairement plafonnée par le système des aides « de minimis » afin de respecter la loi de Bruxelles. 22 millions d’euros sont affectés à ces aides d’urgence. Par ailleurs, 15 M€ sont débloqués pour financer les arrêts temporaires sur des pêcheries à problèmes, comme le cabillaud. Au programme encore, des mesures structurelles. Concernant les plans de sorties de flotte, 8,8 millions d’euros supplémentaires sont dégagés pour traiter les 45 dossiers qui n’avaient pas été retenus pour des raisons budgétaires. Les Contrats bleus vont démarrer le 1 e r juin avec une enveloppe de 15 millions d’euros. 2,5 millions iront aux Contrats gris, pour les pêcheurs qui effectueront des missions d’intérêt public (lutte contre la pollution par exemple).

Audit des navires
Moderniser et restructurer la flotte est toujours une priorité. Pour ce faire, chaque navire fera l’objet d’un audit technique, énergétique et financier, pris en charge par l’Etat à hauteur de 7.500 euros. Au terme de ces audits, des solutions seront proposées au cas par cas (motorisation, nouvelles techniques de pêche). Le ministre veut mettre à plat le fixation des prix du poisson. Comment un kilo de cabillaud acheté à 3 ou 4 euros au pêcheur arrive sur le marché à 20 ou 25 € ? Les producteurs, mais aussi la grande distribution, les mareyeurs, vont devoir plancher sur le sujet. Ce sera la même chose pour le prix du carburant.

Pêcheurs amers
Le président du Comité national des Pêches, Pierre-Georges Dachicourt estimait hier soir que les équipages et les entreprises devraient y trouver leur compte et a appelé les bateaux à repartir en mer. Son appel sera-t-il entendu ? Hier, un pêcheur de Boulogne soulignait, amer : « Cela sert à quoi d’avoir un gazole à 40 centimes, si on n’a plus de poisson à pêcher ». Le quota 2008 de cabillaud a déjà été atteint et la pêche fermée depuis un mois...

Catherine Magueur

Publié dans Revue de Presse

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